Abdou Semmar s’est toujours présenté comme un journaliste d’investigation pour éviter les comparaisons ou les rapprochements approximatifs avec le reste de ses collègues ; et il n’est pas le seul. Ceci pour expliquer aux lecteurs peu au fait de ces subtilités, qu’il prend des risques dans sa recherche de l’information et qu’il se garde bien de prendre pour argent comptant tout ce qu’on peut lui raconter.
Il nous a rappelé lors de nombreuses mises au point qu’il ne publie aucune information sans avoir pris au préalable toutes les précautions d’usage, notamment en croisant ses sources et en relativisant volontairement ses convictions s’il ne possède pas les preuves irréfutables de ce qu’il avance.
Cela rend son métier encore plus compliqué et d’autant plus admirable qu’il l’expose forcément à des difficultés auxquelles il a fini par s’habituer mais pas au point d’imaginer qu’elles puissent prendre une tournure dramatique.
Le véhicule transportant sa femme et ses deux enfants a été incendié en guise d’avertissement. Le message est clair : s’il continue à trop vouloir mettre son nez là où il ne faut pas, il signe la mort prochaine de sa famille. Le ou les commanditaires de cet attentat viennent de lui envoyer un lourd avertissement. Ce sont des méthodes de voyou et de grand banditisme, mais pas seulement. Ce sont surtout les preuves de la lâcheté et de l’absence de courage des personnes et des clans suspectés d’avoir mis main basse sur le pays.
Dire que ces méthodes sont inadmissibles, c’est un euphémisme ; nous sommes tous d’accord sur ce point. Mais nous avons le devoir de rappeler que le rôle de la presse est d’informer et de susciter le débat, et que contrairement aux mauvaises habitudes adoptées chez nous, il ne faut pas confondre débat et pugilat. Un débat c’est la confrontation d’idées qui ne se termine pas forcément par un vainqueur et un vaincu. Et si au cours de ce débat on étale des informations jugées fausses ou déformées, on tombe dans la diffamation et dans ce cas on a recours aux procédures judiciaires.
En d’autres termes, si les commanditaires de cet attentat considèrent les révélations de Abdou Semmar comme des propos diffamatoires, ils peuvent à tout moment saisir la justice pour défendre leur honneur et leur probité et non pas mettre en danger sa femme et ses deux enfants. Ce procédé porte un nom : la lâcheté. Cet attentat rend encore plus crédibles ce qu’ils considèrent comme des assertions non fondées d’un journaliste d’investigation.
Notre sympathie et notre soutien doivent aller à ceux de nos journalistes qui font de leur métier un sacerdoce, qui ne ménagent pas leur peine pour nous aider à mieux comprendre l’actualité et qui prennent des risques considérables pour essayer de nous informer de la manière la plus objective.
Nous devons avoir la lucidité de croire que ce travail d’investigation n’est pas pour peu dans la levée de ce vent de liberté qui charrie tant d’espoirs en ce moment en Algérie. L’histoire leur donnera raison.
Ceux-là méritent notre respect et notre affection et Abdou Semmar en est le symbole et le héraut. Respect !
Par Saad Khiari, Cinéaste-auteur
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