D’emblée, disons-le sur le champ : il n y a pas un SEUL milliardaire algérien par son talents, son idée, son génie, son travail, son argent, sa bonne gestion.
Si vous en rencontriez un SEUL présentez-le de suite devant n’importe quelle juridiction, elle trouvera la faille dans son bilan, ses déclarations fiscales, ses propriétés immobilières, ses biens à l’étranger, ses comptes en banques offshore, ses sociétés écrans de surfacturation, ses financements à des partis politiques, ses accointances avec des dirigeants étrangers, la richesse sans cause de sa progéniture, ses carnets d’adresses militaires et politiques.
Face à ce constat mathématique, ne souffrant aucune ambiguïté sur l’origine de leur richesse, l’algérien persiste à faire étalage d’anéantissement de sa responsabilité en se dévoilant dans la manifestation solidaire organisée au profit de la société Cévital et de son patron Rebrab. Ils scandent la liberté d’entreprendre alors qu’il n’existe aucune liberté. Nous l’avions enterrée par nous-mêmes. Après le délire « je suis Rebrab » pour faire la victime « Charlie » en ajoutant une couche « nous sommes tous Rebrab » lors de son éviction dans le rachat du groupe de presse « El Khabar », les voilà rassemblés, toutes catégories sociales confondues, pour dénoncer les « entraves créées au groupe Cevital afin que ses investissements n’aboutissent pas ». Quel est l’algérien non entravé dans tout ce qu’il entreprend ? Quelle est l’entreprise, de petite, a-t-elle si bien grandie comme celle de Rebrab et autres Kouninef, Belhamadi ? Quel est l’algérien qui est devenu milliardaire comme Rebrab, Kouninef, Tahkout, Benamor, Oulmi et d’autres encore, par ses talents, son inventivité et sa bonne gestion ?
Partout dans le monde des voix s’élèvent et dénoncent la concentration de la richesse entre les mains de quelques individus et le mouvement des gilets jaunes en France s’impose au monde entier comme l’alternative à une répartition plus juste de la richesse. Dans sa dernière réunion de Janvier 2019, Davos, le forum des riches, qui se réunit chaque année en Suisse, le reconnait et fait son mea-culpa. Le FMI qui nous a saignés juste avant que la horde islamiste terroriste ne nous saigne dans notre propre chair, lui emboîte le pas. Il n y a que des algériens imbéciles et masochistes qui vont défendre le monopole et l’accaparement de la richesse nationale par quelques individus. Dans cette Algérie d’inculture économique et financière, nous aurons bientôt des comités Tahkout, des soutiens Haddad, des cortèges de voitures Volkswagen en soutien aux Oulmi, des Renault et des Peugeot pour leur barrer la route avec un Condor qui sait tout, fait tout, des spaghetti aux smartphones les plus sophistiqués en passant par les pneus…
C’est une raison suffisante pour qu’aucun algérien ne pleure ces maléfiques hommes d’affaires algériens qui se retrouvent en prison et ceux qui vont bientôt les rejoindre au cachot. Croupir en prison n’est pas suffisant et ne nous rassure nullement quand il faut compter avec leurs avocats, opportunément bien payés, qui useront de tous les artifices juridiques pour en sauver quelques-uns et quelques portions de leurs richesses mal acquises.
A l’incarcération avec son lot de honte et de déshonneur, il faut s’assurer de leur appauvrissement car ils ont tous contribué à appauvrir l’Algérie et à rendre pauvres plus de 15 millions d’algériens. La liste de ces gens-là est longue, c’est pourquoi il est nécessaire de les suivre à la trace.
Il est plaisant d’appuyer ses arguments sur une sentence à l’italienne, pays des opérations « Mani Pulite ». C’est ainsi que s’exprimait un grand écrivain italien, Alberto MORAVIA « Pour gagner de l’argent, il faut de la compétence. Pour le dépenser, il faut une culture ».
Ces gens-là n’ont ni de la compétence ni de la culture mais ils gagnent de l’argent et ils le dépensent. Qui gagne de l’argent en Algérie et comment le dépense-t-il ?
Pour ne pas déroger au classicisme économique, la source d’argent en Algérie provient du secteur public et de la sphère privée.
Du secteur public d’abord. Tous les agents de l’Etat, dans la hiérarchie militaire, civile, économique et particulièrement pétro-gazière se sont bien et même trop enrichis : salaires comme une simple routine, bakchich comme moyen d’accumulation ; acquisition de terrains et de biens immobiliers revendus en l’état moyennant des profits cent fois leur valeur ; ventes de biens domaniaux, construction…et comme la formule leur réussit, ils font encore et encore dans la revente avec des superprofits. Sans oublier l’attribution de niches protégées à leur progéniture faisant ainsi d’un raté un personnage richement honorable et chichement fréquentable. Auxquels il faut ajouter la corruption et la gratuité des services à domicile : l’exemple de Club des Pins-Résidence d’Etat-, est le plus voyant mais loin d’être la seule source des privilèges dont ils se proclament, comme les faux et anciens « révolutionnaires », « président et députés partisans », « hommes d’affaires financeurs de campagnes politiques », les seuls profiteurs.
Toutes ces catégories d’hommes et de femmes ont mouillé leur main et enfoncé leur pied dans pas moins de mille milliards de Dollars US, recette dont a bénéficié l’Algérie en quinze années de 2000 à 2014. Directement et indirectement, dans l’affaire Khalifa, dans la seule autoroute du monde qui ne finit jamais ou encore dans la série « Sonatrach » aux épisodes interminables que ce système ne pouvait nous cacher tellement scandaleuse et flagrante et dont il ré-ouvre aujourd’hui le dossier.
Comment ces gens-là dépensent-ils leur argent ? Quelle culture de consommation ? Le luxe, la gabegie, le jeu, le change parallèle, l’achat de biens immobiliers en France et en Espagne, destination obligée des bougnouls pour la première, terre d’accueil de proximité pour la seconde. Depuis peu, ils s’affranchissent dans des noms de marque franchisés et se donnent bonne figure en ayant pignon sur rue dans des quartiers dits « huppés » ou « popularisés » grâce à la complicité des maires et autres agents, toujours de l’Etat, « Ahna fi Ahna », comprendre entre nous.
Citons, le quartier en poupe « Sidi Yahia » ou « Sidi YAYA », (chacun le prononcera comme il se reconnaitra, et j’en passe) des centres commerciaux de Bab Ezzouar et autres abris/placements de leur enrichissement sans causes. Là aussi, chacun comprendra que dans toutes les grandes villes de l’Algérie, les agents de l’Etat sont partout, ont leur « Sidi YAYAs » et leurs portes de visiteurs.
Nous ne le savons que trop maintenant. Avec mille milliards, ce système politique n’a pas pu construire le développement ni réalisé des investissements productifs, encore moins de la croissance et de la création d’emploi ; donnez-lui encore 100 mille milliards et il refera la même chose, il se reproduira parce que tout simplement nous laissons faire et nous lui avons confié notre avenir et celui de nos enfants, bouches cousues.
Ce secteur public ne prolifère pas tout seul. Pour s’assurer une porte de sortie et durer le plus longtemps possible, il a besoin de s’allier les activités privées qu’il va se les agrafer et les calquer à ses propres variantes catastrophiques. Un système politique mafieux comme le nôtre ne peut produire d’autres effets que des activités à son image, mafieuses et friquées sans causes.
En haut du podium des activités privées se trouvent les hommes et les femmes qui sont devenus subitement riches que d’aucuns appellent la « génération spontanée », entrepreneurs sortis de nulle part, aux compétences douteuses et aux appétits démesurés. Ils ont tout et ils sont partout : dans la grande distribution comme dans le montage industriel et électronique ; dans l’agro-alimentaire comme dans les assurances ; dans l’hôtellerie et dans l’élevage ; dans la promotion immobilière et dans la construction des routes ; à Alger et à Oran ; à Annaba et à Constantine, à Bejaia et à Sétif ; ici et ailleurs à l’étranger.
Ces gens-là sont les bâtards du secteur public, ses protégés et parfois ses boucs-émissaires quand c’est nécessaire à l’image de ces arrestations médiatisées d’Avril 2019.
Au bout du compte, ce secteur privé conjugué à tous les importateurs n’a fait qu’appliquer la feuille de route de ses parrains : pas d’investissements productifs de large envergure ni de technologie, rien que du spéculatif. Il dépense sa richesse dans le même registre : achats de biens immobiliers à l’étranger, hôtels, commerces et appartement ; luxe, concession et autres franchises pour leur progéniture ; acquisition d’usines à l’étranger pour fourguer leurs produits en Algérie ; bateaux de plaisance et autres complaisances avec cet argent non mérité.
Pullulent également dans cette sphère privée, des hommes et des femmes, des jeunes et des moins jeunes, barbus et imberbes, qui s’adonnent de jour comme de nuit, tous les jours et même les jours fériés, dans les activités informelles et les ventes sans factures tout au long des routes. De l’épicier du coin à la supérette moins proche jusqu’aux magasins et autres agences immobilières, l’informel dépense son argent dans les voyages à Dubaï, les Omra multiples, la Tunisie, le Maroc ou la Turquie, se risquant rarement dans les pays occidentaux, chacun sa destination et les moutons sont bien gardés.
Et entre le secteur public et la sphère privée s’activent des poches de richesse protégées : médecins, notaires, experts comptables, journalistes et autres professions libérales réglementées ou pas, toutes fondues à assurer des soins pour une longue vie à cette économie de rente. En plus d’un blanchiment légal, des optimisations fiscales et autres reportages-commentaires bienveillants sur telle ou telle race d’entrepreneurs…Ces gens dépensent leur argent soit dans le registre des premiers, soit dans celui de la sphère privée et s’aventurent jusqu’au Canada.
Au bout du compte, des temps anciens à aujourd’hui, l’Algérien s’enrichit sans compétence et dépense sans culture. Les régimes qui se sont suivis, de Ben Bella à Bouteflika, n’ont fait qu’en perpétuer les effets. Ils nous ont appris que la corruption et l’enrichissement sans causes ne sont pas nos ennemis et qu’ils ne sont pas responsables de notre arriération économique. Ils nous manipulent entre l’ennemi interne, l’islamisme, et l’ennemi de l’extérieur, la main de l’étranger. L’islamisme et sa horde d’assassins sont enterrés avec la mort d’Abassi Madani, l’ennemi extérieur et la main de l’étranger ne survivront pas à Louisa Hannoune puisqu’elle même ne survivra pas à la révolution du sourire. Désormais, nous pouvons nous consacrer à notre seul et unique ennemi : le couple corruption-enrichissement sans causes.
Des histoires comme celles de Haddad, Kouninef, Rabrab, Chakib Khellil, il y en a eu beaucoup. Toutes se sont passées et se déroulent encore comme une série de télévision : des personnages clés, ceux jouant le second rôle, ceux qui se cachent derrière ; les épisodes se suivent, s’enchaînent, ralentissent et s’emballent : commissions rogatoires et mandats d’arrêt international. Il y en a eu des mandats d’arrêt mais personne n’a été arrêté : Laroussi Khalifa, l’homme de main, le voyou des parrains, se pavanait à Londres, librement, pour finalement, n’être extradé que 10 ans après et emprisonné comme un petit voleur d’une supérette. Il y a eu de cette histoire plus de dix longues années et depuis aucune histoire de corruption jusqu’à cet été 2013 où se déroulaient les affaires d’autoroute, de Sonatrach et autres méfaits de ce système. Mais, nous pouvons remonter plus loin : Zeghar, homme de main de Boumediene et sa fortune volatilisée, rançonnée par un Président survenu avec un Belkheir en maître chanteur et une fratrie chadlienne…
Il fallait encore attendre longtemps, trop longtemps, pour que ce 22 Février 2019, par la seule volonté d’un peuple en marche que des affaires plus criminelles soient déballées.
Mais alors, c’est quoi la corruption ? Une série noire de faits divers qui est balancée tous les dix ans ou un problème fondamentalement politique ?
C’est l’unique opération dont notre droit, si soucieux de dédommager les victimes d’accidents de tout genre, ne peut rien car les victimes, lit-on, ne sont pas identifiables. Les victimes, c’est vous et moi, c’est nous tous ! Pourquoi alors ne nous constituions nous pas en partie civile et demandions des dommages et intérêts à toutes les juridictions où se sont cachés les prédateurs ? Des preuves, il y en a à la pelle, il n’y a qu’à empiler toutes les coupures de presse depuis le vol commis par Ben Bella jusqu’à celui de Bouteflika. Nous récupèrerons bien quelque chose et au-delà, nous aurions élaboré une riposte de prévention à d’autres opérations de corruption.
Ne soyons pas naïfs, la corruption comme la prostitution, est le « plus vieux métier du monde », ça souille tout et elle s’étend partout : en France, en Amérique, en Chine….même en Bhoutan, un petit royaume perché sur les sommets himalayens, censé être le pays du bonheur. On peut y sentir l’odeur de la mort et de la destruction ; la corruption ravage tout sur son passage, elle est pire que tous les foudres de dieu.
Haddad, Rabrab, Kouninef, Khélil, Bejaoui et compagnies n’ont jamais été les premiers et ils ne seront pas les derniers ! Il s’agit donc, tout en menant une guerre sans merci contre la corruption, de la prévenir sinon, nous nous retrouverons dans une société dont tous les messages deviennent inaudibles. Une société corrompue, écrivait Machiavel, est une société dans laquelle les hommes ne savent plus exercer leur liberté.
Première piste de prévention, le financement des partis politiques : voilà une source de financement occulte dont les ravages sur notre société sont terrifiants. Il a permis l’enrichissement personnel et la dégradation de la représentativité citoyenne, source de désaffection des Algériens en la politique et d’abandon du vote comme sanction populaire.
L’enrichissement sans causes, Oh ! Voilà un bien aisé sentier qui nous conduira rapidement à les débusquer tous d’un coup.
Les Algériens n’ont pas vu venir tous ces milliardaires et ces millionnaires que des journaux spécialisés nous révélaient, il y a peu de temps, à coups de manchettes de couvertures et de rang dans le classement mondial et régional : 39 milliardaires et 4 100 millionnaires algériens ! La course n’est pas finie et la liste est plus longue si on compte les milliardaires cachés.
Les liens entre le secteur public et cette « génération spontanée » ne sont pas seulement visibles à la simple observation mais audibles à leur arrogance. Une morgue appuyée en signe de solidarité par les hommes publics qui les ont faits riches. 1, 2, 3… Viva l’oligarchie algérienne, dixit Ouyahia, le pestiféré d’aujourd’hui à juste titre.
L’arrogance et la réputation surfaite de cet ex-Premier Ministre, appuyée de la fratrie bouteflikienne, n’a pas seulement fait profiter sa famille politique et sa progéniture mais il a encore sévi dans l’utilisation d’une arme silencieuse encore plus meurtrière que la dépense publique au profit de tous les alliés du système mafieux et brutal.
Cet outil « soft » lui a été susurré par une clique de prétendus experts en économie et en finances surnommée « Task Force ». Devant l’incapacité du système, depuis la baisse des revenus pétroliers conjuguée à la démographie galopante, de poursuivre l’état providence consistant à maintenir la population algérienne dans la servilité en octroyant des transferts sociaux par le soutien des prix à la consommation et la distribution de logements sociaux à tout va, cette prétendue « force » préconisa l’injection de fausse monnaie dans l’économie pour permettre à ce système de s’éterniser.
Ainsi, ils ont théorisé le concept de continuité tant politique qu’économique. Le premier était de s’être tous mis d’accord de garder Bouteflika et sa fratrie comme façade institutionnelle de stabilité et de paix, le second est de se donner l’apparence de pouvoir continuer à rendre disponibles les biens et les services au même rythme que les années de vaches grasses où les exportations carburaient à plus de cent dollars américains le baril de pétrole et où les contreparties fiscales faisaient remplir les budgets d’équipements, d’assistanat social à la population et de dotations en réserves de change conséquentes tout en conservant sa dette au seuil zéro.
Sur le plan politique, ils ont fait appel aux partis de l’alliance, tous aussi débiles les uns que les autres, détestés par la population, même celle soudoyée au Cachir parce que tout simplement, elle en a trop mangé jusqu’à en vomir et qu’ils attendaient depuis longtemps autre chose que cette nourriture balancée aux cochons.
Sur le plan économique, ils ont eu recours aux compétences douteuses des recyclés et des khobsistes du système, regroupés dans une animalerie dénommée « Task Force », composée d’ex-Ministres faussement techniques et autres experts en futurologie, qui engendreront la gigantesque impression de billets de banque à faire couler dans l’économie.
L’objectif de pérennisation du Président-Fantôme avait toutes les caractéristiques d’une arme trop bruyante à tel point qu’elle a réveillé tout un peuple longtemps endormi et donné l’occasion à une minorité contestataire trop brutalement réprimée, de s’accorder sur un seul leitmotiv « non au cinquième mandat ». La vitalité retrouvée et le nombre vertigineux des pas battant les pavés de toute l’Algérie, s’ils n’ont pas pu provoquer l’affaissement de nos rues et trottoirs, ils ont réussi à faire démissionner Bouteflika. Les autres, son clan, ses alliés et tous ses caniches qui résistent encore vont finir par tomber. Ils ont le temps court alors que le peuple a le temps long comme le crie si fort cette affiche « Ils ont 80, nous avons 20 ans, donc tout le temps ».
L’arme bruyante va donc devoir se taire mais l’arme silencieuse, celle propulsée par une machine d’impression de billets de banque mis en circulation dans l’économie ne faiblira pas d’intensité dangereuse. Elle ne se taira pas non plus, ni ne disparaîtra par miracle ou sous les prières répétées des nuits de Ramadhan car elle nous explosera en pleine figure et beaucoup d’entre nous en subiront les conséquences fâcheuses.
Il n’y a pas mieux que cette idée simple d’un Mayer Amshel Rothschild (1743-1812) pour introduire le sujet » Donnez- moi le contrôle sur la monnaie d’une nation, et je n’aurai pas à me soucier de ceux qui font ses lois. » Cette « Task Force » s’en inspira et la rendit effective. Ouyahia, l’homme, dit-on, des sales besognes, n’hésita pas un instant à en imprimer plus de six mille milliards de dinars, à injecter dans l’économie plus de la moitié, l’autre moitié lui a échappée et mise en réserve entre les mains de nouveaux malfaiteurs. Si Bédoui conserve son poste, il n’hésitera pas d’en ouvrir à nouveau les robinets car ils comptent tous sur l’avidité du public qui, en plus, ne connait rien à la monnaie imprimée par son gouvernement au-delà des limites (inflation) de remboursement en métal précieux ou en production de biens et services.
Dans cette situation, le crédit, présenté sous une forme appelée « monnaie », a l’apparence du capital, mais n’est en fait que du capital négatif, du découvert. Extérieurement, cela a l’apparence de la production de services, alors que ce n’est en réalité que de la dette, de l’endettement. Les faux experts et autres prédicteurs économistes préconisèrent cette incitation économique au lieu d’une capacité de production réelle. Que chaque algérien sache que la totalité des biens et services représente le capital réel appelé produit national brut, et la monnaie peut être imprimée à un niveau équivalent en continuant de représenter la capacitance économique; mais la monnaie imprimée au-delà de ce niveau est soustractive, introduit de l’inductance économique, et constitue des notes de créances et d’endettement. A défaut de l’équilibrer vue l’inexistence de production et de contreparties réelles, l’issue est dans l’appauvrissement et la précarité de la majorité des algériens en agissant sur le pouvoir d’achat de ces vrais créditeurs ( la population à qui on a dit d’échanger ses véritables valeurs : travail, performance, efficacité, création d’entreprises, productivité… contre de la fausse monnaie) et en ayant recours au bradage de tout ce qui reste des ressources naturelles et de la régénération de ces ressources.
Il faut savoir qu’il existe une relation directe et dangereuse entre cette disponibilité de flux d’argent et la réponse des ménages algériens en fonction de cette disponibilité. Cette relation sera encore plus complexe et grandement problématique puisqu’elle va se combiner avec des évènements chocs que sont le mois de Ramadhan, à forte consommation, et l’été, deux mois de vacances où les parents vont être les plus sollicités à la dépense et à la rentrée scolaire s’ajouteront les moutons à se saigner. Le sourire des manifestants s’éclipsera pour longtemps, les prix des produits de première nécessité sera mesurable à la probabilité certaine que chaque algérien ferait l’expérience d’un mal de tête, se shooterait ou ressentirait l’envie des « harragas ». Tout le monde va essayer de fuir ses problèmes et d’échapper à la réalité ce qui facilitera l’asservissement à nouveau du peuple et sa subjugation, à travers une subversion de l’économie publique et le maintien ou retour des oligarques corrompus et des politiciens véreux. Il ne s’agit nullement d’un scénario fictif ou alarmiste mais ce sont des situations déjà vécues : Octobre 88 et ses morts innocents ; guerre intérieure et ses milliers d’assassinats ; toutes des situations de confusion et de diversion créées de toutes pièces pour nous occuper, toujours nous occuper, encore nous occuper pendant qu’eux font leurs affaires et s’enrichissent. Une règle générale apparut est qu’il y a un profit dans la confusion; plus la confusion est grande, plus le profit est grand. Ainsi, leur meilleure approche est de créer des problèmes dont le plus grand est l’impression des Six mille milliards de dinars avec, à la clé, une forte et brutale dévaluation du dinars couplée à une hyperinflation pour ensuite offrir des solutions sur notre dos en recourant à des politiques de stabilisation du système économique alors qu’il y a trop de demande, à cause de trop d’avidité, de trop de population et de l’énorme déficit de la balance des paiements. La Banque d’Algérie, sous la fourberie d’un Loukal et son successeur, ne pourra rien faire, ses comptes sont eux-mêmes dans de mauvais draps. Ainsi, elle va devoir perdre de l’argent pour éponger toute la masse tirée par la planche à billet en le reprenant à un taux supérieur à 3,5% alors qu’elle l’avait prêté au Trésor et au Fond National d’Investissement (FNI) à 0,5%, terme différentiel offert sur un plateau d’argent aux banques privées et publiques
Pour que l’histoire ne se répète pas et mettre fin aux cycles répétitifs des échecs de nos ancêtres depuis Massinissa jusqu’à Abane Ramdane, le peuple de manifestants doit retenir trois leçons :
- Sur le plan politique, seule l’union fait la force de pousser vers la sortie les faiseurs de notre malheur et d’en finir avec les institutions de cette République.
- Sur le plan économique, seule la destruction de notre inertie, résultante de nos habitudes de consommation peut nous sauver individuellement et collectivement. Les mois à venir sont pleins d’occasions à ne pas rater : une chorba et un morceau de pain suffira à combler le jeûne, on n’en mourra pas. Un simple bouton à appuyer et nous voilà débarrassés d’un amplificateur économique des plus meurtriers, nommons la publicité télévisuelle. Ouvrez les fenêtres et économisez l’énergie au temps des grandes chaleurs, épargnez ce que vous pouvez, y compris la tête d’un mouton, la viande vous sera moins chèrement servie plus tard. Gardez le cap et continuer à marcher, c’est dans la manifestation utile que nous conserverons cette volonté inébranlable et cette vitalité retrouvée pour que plus jamais ce système mafieux ne puisse renaître de ses cendres.
- Sur le plan intellectuel, ce sont tous les économistes, praticiens de l’entreprise, politologues, activistes politiques, journalistes d’investigation qui se doivent d’arrêter leur vocifération dans les marches des vendredis, sur les plateaux de télévision et de se retirer, dans le silence, pour produire des outils intellectuels et des techniques opérationnelles capables de redonner le pouvoir aux citoyens et aux citoyennes dans tous les domaines de la vie politique et économique. Toutes les racines de cette situation catastrophique peuvent être répertoriées, inventoriées et classées « A ne pas refaire ». De la soumission des gouvernements à la cupidité des hommes d’affaires, de leur adhésion à toutes les compromissions qui se sont faites contre le peuple jusqu’à la nature antidémocratique des institutions, à l’impunité et son prolongement logique du sentiment d’irresponsabilité. Tout ce qu’il ne faut plus faire sera le manuel éducatif des nouvelles générations. Que cesse aussi les appels à la morale et à l’éthique encore moins à plus de transparence car ils ne sont qu’un emplâtre sur une jambe de bois, un vernis que l’histoire des pays et des hommes ont vite fait dégarnir. Il est admis que les gènes de l’avidité, de la cupidité et de la servilité sont inscrits sur le génome humain. L’algérien en fait partie. Mais de l’honnêteté et de l’intégrité, ce ne sont que des questions de culture et d’éducation, de procédures et de règles contrôlées, de punitions et d’exemplarité à divulguer.
Les algériens s’appauvrissent, leur pouvoir d’achat n’a été le souci d’aucun gouvernement, l’austérité a toujours été sa peine. Qu’elle cesse car les politiques d’austérité sont désastreuses socialement, stupides économiquement, étant incapables même de répondre à l’objectif qu’elles se sont fixé, la réduction des déficits ou la sortie de crise. Il s’agira en plus d’engager une réflexion sur une répartition plus égalitaire du revenu national par une augmentation de la part des salaires dans la valeur ajoutée, et une réforme fiscale d’ampleur redonnant en outre des marges de manœuvre à la puissance publique. Que tous les informels payent l’impôt et que toutes les transactions commerciales ne se déroulent plus en monnaies sonnantes et clinquantes. Que le chèque et les cartes de paiement soient la règle et que la place criminelle du square Saïd brûle. Les mécanismes existent et les exemples sont florilèges pour s’en inspirer et en adapter l’efficacité.
Face cette vraie crise politique, économique et sociale, la perspective du passage à une deuxième République – par le biais d’un processus constituant impliquant tous les citoyens – est à l’ordre du jour. La démocratie à tous les niveaux de décisions, voilà l’essence de la deuxième République. Elle devra, notamment, permettre à la souveraineté populaire de franchir la porte des entreprises. Débarrassés des oligarques, les futurs chefs d’entreprises et les actionnaires ne doivent pas être les seuls à décider de la conduite des entreprises parce que tout simplement ce sont les travailleurs qui créent la richesse. Les salariés doivent avoir droit de veto sur les décisions stratégiques et créer un statut du salarié qui permettra la mise en place d’une sécurité sociale professionnelle. Et, pour les secteurs de l’économie qui relèvent directement de l’intérêt général, l’arme de la nationalisation sous contrôle démocratique pourra et devra être utilisée.
Par Chadli DAHMANE
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